L’ex-magnat de l’humour a été invité à revenir sur les évènements de 1998 qui se sont déroulés au Manoir Rouville-Campbell à Mont-Saint-Hilaire et pour lesquels il a plaidé coupable «d’avoir commis des gestes de la nature d'agression sexuelle» sur une jeune femme de 19 ans.
«Il a admis avoir, sous l'effet de l'alcool, fait des gestes de nature sexuelle envers la victime en lui touchant les seins alors que la victime ne le souhaitait pas et ne désirait pas que l'accusé se porte envers elle à de tels gestes», peut-on lire dans le jugement de l'époque.
À ce sujet, Gilbert Rozon a affirmé jeudi qu’il avait plaidé coupable à contre-cœur, et ce, «pour sauver l’entreprise».
«Quand est venue l’histoire du Manoir, on a plongé dans un enfer médiatique. On a perdu 2 millions [de dollars] en peu de temps. Je me sentais responsable. Autour de moi, on me conseillait de plaider coupable. J’ai accepté de plaider coupable, mais je ne vous cache pas que j’en ai longtemps voulu à ceux qui m’ont enjoint de faire ça», a raconté le fondateur de Juste pour rire.
Abordé par des journalistes dans les couloirs du palais de justice, il est également revenu brièvement sur les faits en tant que tels, lorsque questionné s'il avait oui ou non «touché» la victime. «C'est fou, votre question! Lorsque tu vas dans une chambre à coucher, oui, ça se peut que tu aies touché quelqu'un. Il y a de grosses chances», a-t-il affirmé. Rozon a malgré tout nié s'être livré à une agression.
Interrogé à ce sujet mercredi à titre de témoin du défenseur, l’ex-premier ministre du Québec et ami de Gilbert Rozon, Pierre-Marc Johnson, a qualifié ce plaidoyer de nécessité plutôt qu'une admission d'agression.
Gilbert Rozon a ensuite raconté au tribunal que cette histoire avait affecté son couple et qu’il avait fait une dépression.
«On l’imagine pas parce que je fais des blagues, mais à l’intérieur ce n’est pas comme ça que ça se passe. C’est l’humour du désespoir.»
Retour sur sa vie amoureuse
Gilbert Rozon a ensuite été questionné sur sa vie conjugale, lui qui a partagé la vie de Danielle Roy – la mère de ses enfants – pendant 30 ans.
Il aura aussi entretenu une relation amoureuse avec Véronique Moreau, la fille aînée du regretté humoriste Jean-Guy Moreau – et la sœur de Sophie Moreau, une des neuf demanderesses, qui accusent Rozon d’agression sexuelle et de viol – de façon intermittente, et ce, pendant quelques années.
Il affirme qu’il se sentait mal à l’aise de quitter Danielle Roy pour vivre avec Véronique Moreau parce qu’il avait «la notion de péchés sur son disque dur».
«Je me sentais écartelé psychologiquement et physiquement», a-t-il affirmé parlant de sa vie amoureuse.
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Rozon affirme être revenu vers Danielle Roy après sa relation avec Véronique Moreau, mais qu’il savait que c’était une erreur.
«On s’est retrouvés ensemble pour les enfants, je savais que je m’étais trompé, on essayait de rentrer une boîte carrée dans un cercle», a-t-il raconté.
«Frivole, volage et libertin»
Questionné sur relations avec les femmes, Gilbert Rozon affirme : «J’étais frivole, volage, libertin assumé parce que je cherchais la femme de ma vie. Tu veux l’absolu, j’ai cherché cet oiseau rare.»
Rozon a aussi affirmé qu’il pensait avoir trouvé «cet oiseau rare» en Véronique Moreau.
Gilbert Rozon a aussi expliqué au tribunal que jusque dans la quarantaine, il ne s’est pas demandé «s’il avait envie de faire l’amour», un acte qu’il compare «à danser le tango».
Il a aussi expliqué qu’il visait toujours un quota 50-50 pour la place des hommes et des femmes dans son organisation affirmant avoir créé «un club de femmes», formé de cadres supérieures et intermédiaires, «des femmes avec du potentiel», pour mieux déterminer lesquelles pouvaient avoir accès à des promotions.
Pendant de longues minutes, Gilbert Rozon a aussi décrit son parcours professionnel parlant notamment de la naissance du festival Juste pour rire, des productions télé et de l’école de nationale de l’humour.
Rozon a aussi abordé son travail à l’émission Incroyable Talent France de 2006 à 2017 en affirmant qu’avec cette émission «il est devenu populaire».
«Je passe de l’autre côté du miroir. J’avais le bon rôle, le rôle du méchant. Pas que je suis méchant, mais on m’a demandé d’être qui j’étais et j’étais direct.»
Gilbert Rozon s’est fait montrer la porte d’Incroyable Talent France en 2017, moment où des allégations d’agressions sexuelles ont été dévoilées.
«Est arrivé le mouvement #Metoo. Ils ont retiré mon image. Ils m’ont envoyé une poursuite pour dommage à leur image et ils l’on retiré ensuite», a-t-il expliqué.
Rozon a d'ailleurs dit vouloir se battre contre ce mouvement. «J'ai tout perdu, j'ai été ruiné. Je suis ici pour la justice, même pas pour moi, pour que le droit subsiste. Si je ne me défends pas, ça va devenir une forme de légalisation de l'extorsion.»
Un long procès
Le procès civil de Gilbert Rozon s'est ouvert au début de décembre 2024 alors que neuf demanderesses lui réclament environ 14 M$ pour des agressions sexuelles et des viols, entre autres.
Les neuf présumées victimes - Lyne Charlebois, Guylaine Courcelles, Patricia Tulasne, Danie Frenette, Anne-Marie Charette, Annick Charette, Sophie Moreau, Marylena Sicari et Martine Roy - ont d'ailleurs toutes témoigné au cours des six derniers mois.
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La partie représentant les neuf demanderesses a aussi fait entendre d'autres témoins au fil du procès, dont des personnalités connues comme Julie Snyder, Salomé Corbo et Pénélope McQuade. L'ex-conjointe du fondateur de Juste pour rire Véronique Moreau a aussi pris la parole. Elles ont toutes témoigné d'abus qu'elles auraient subis aux mains de Gilbert Rozon.
Des témoins ont aussi été entendus à la demande des avocats de Gilbert Rozon dont la soeur de Rozon, Lucie, le journaliste, auteur et producteur Guy Fournier ainsi que l'ancien premier ministre Pierre-Marc Johnson.
Avec de l'information d'Émile Bérubé-Lupien pour Noovo Info.