Le dernier témoin de la défense a conclu vendredi son témoignage et le jury devrait entrer en délibération d'ici la fin de la semaine prochaine.
Steeve Gagnon, 40 ans, a plaidé non coupable à cinq chefs d'accusation, dont trois chefs de meurtre au premier degré.
Il est accusé d'avoir accéléré avec son camion sur le trottoir, à Amqui, le 13 mars 2023, tuant trois hommes et en blessant neuf autres.
Le dernier témoin de la défense était un psychiatre qui a rencontré Steeve Gagnon en septembre dernier. Son opinion était fondée sur cette seule rencontre, 18 mois après les événements.
Le Dr Samuel Gauthier a témoigné que l'accusé avait nié avoir eu l'intention de frapper des personnes, disant plutôt qu'il avait échappé un objet dans la cabine de son camion et qu'il avait quitté la route des yeux en tentant de le récupérer.
«Il a réalisé que quelque chose se passait, mais il était incapable de le décrire», a affirmé le psychiatre.
L'accusé lui a raconté avoir conduit en sens inverse, avoir vu le carnage et entendu des gens crier parce qu'il avait heurté les piétons.
Il a également témoigné que M. Gagnon était en colère à cause de certains revers personnels survenus avant l'agression présumée.
L'accusé a blâmé les médecins pour avoir retardé une opération au dos dont il avait besoin pour reprendre son travail de camionneur, et il était également bouleversé par la perte de son assurance-emploi, le forçant à demander de l'aide sociale, a expliqué le Dr Gauthier dans son témoignage.
La version des faits de M. Gagnon a évolué. Après l'accident, il a déclaré à la Sûreté du Québec le lendemain qu'il ne se souvenait de rien, si ce n'est d'avoir fait une sieste et de s'être réveillé au poste de police.
Devant le tribunal, il a raconté qu'il ne se souvenait que de peu de choses, sauf d'avoir heurté un piéton.
La Couronne a souligné ces divergences lors de son contre-interrogatoire. Le psychiatre estime que les troubles de la mémoire de l'accusé pourraient être liés à un état dissociatif dû à un traumatisme, comme moyen d'adaptation.
Dr Gauthier a également ajouté que Gagnon souffrait probablement de délires de persécution depuis plusieurs années, mais que cela n'était pas un facteur en mars 2023.
«Même s'il était malade, son état n'était pas suffisamment grave pour altérer son appréciation de la nature de ses actes ou pour reconnaître qu'ils étaient répréhensibles», a-t-il expliqué.
L'audience de vendredi n'a pas été marquée par des accès de colère de la part de l'accusé, qui a été expulsé de la salle d'audience à plusieurs reprises après des tirades injurieuses contre la poursuite, le juge et même les jurés, plus tôt dans la semaine.
Le juge Louis Dionne de la Cour supérieure du Québec a informé le jury que les plaidoiries finales auront lieu mercredi prochain. Me Hugo Caissy, avocat de M. Gagnon, s’exprimera en premier. Ensuite, le procureur, Me Simon Blanchette, et son adjoint, Me Jérôme Simard, prendront la parole en dernier.
Ensuite, les 14 jurés seront réduits à une douzaine.
Le juge Dionne a indiqué que les délibérations commenceront probablement jeudi.