L'homme de 40 ans était accusé d’avoir heurté douze piétons, dont trois sont décédés le 13 mars 2023 à Amqui. Le jury a délibéré pendant deux jours et a rendu un verdict unanime.
Le juge Louis Dionne de la Cour supérieure du Québec a immédiatement condamné Gagnon à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans pour les accusations de meurtre et 10 ans pour chacune des accusations de tentative de meurtre, à purger simultanément.
Gérald Charest, 65 ans, Jean Lafrenière, 73 ans, et Simon-Guillaume Bourget, 41 ans, ont perdu la vie dans cette tragédie qui a bouleversé la petite municipalité de 6300 âmes. Steeve Gagnon s'était livré de lui-même aux policiers après les événements.
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Après avoir remercié le jury pour son travail, le juge s'est adressé à Gagnon, disant que son comportement dépassait l'entendement: «Les actes que vous avez posés le 13 mars 2023 demeurent incompréhensibles, vos crimes sont insensés et relèvent d'actes odieux.»
La Couronne avait soutenu que les actes ayant mené aux décès étaient intentionnels et prémédités, affirmant que Gagnon avait élaboré et adapté un plan avant de foncer délibérément avec sa camionnette sur des piétons. Pendant le procès, le procureur Simon Blanchette a montré des extraits de vidéos prises par Gagnon sur son cellulaire deux jours avant le drame, dans lesquels il fait notamment référence à la possibilité d’aller frapper des enfants.
L'accusé, quant à lui, avait soutenu que les décès étaient un accident survenu dans un moment d'inattention alors qu'il tentait de récupérer une capsule de cigarette électronique qui était tombée sur le plancher de son véhicule. Or, au moins deux témoins ont affirmé avoir vu le visage de Gagnon au volant et l'un d'eux a rapporté que l'accusé souriait en faisant demi-tour pour voir ce qui s'était passé.
L'avocat de Steeve Gagnon, Hugo Caissy, a déclaré que le récit de son client était «imprudent, mais pas invraisemblable» et qu'il devait être acquitté ou, du moins, non reconnu coupable d'acte prémédité, ce que le jury a rejeté.
«Un immense vide»
Avant le prononcé de la peine, Me Blanchette, qui poursuivait l'affaire avec Jérôme Simard, a lu une lettre écrite par les parents de Simon-Guillaume Bourget et adressée au juge, dans laquelle ils décrivent les difficultés des parents qui assistent à la mort de leur enfant.
«Steeve Gagnon nous a privés de notre fils aîné. Une vie perdue par un geste tout à fait gratuit, effectué de sang-froid et sans l'apparence d'aucun remords. Ce geste, sans nom, nous a plongés dans un horrible cauchemar et a créé un immense vide pour le reste de notre vie», ont-ils écrit.
«Steeve Gagnon a commis un geste irréparable et impardonnable qui a endeuillé plusieurs familles et toute une communauté. Et il doit en assumer les conséquences», mentionne la lettre.
Quand Steeve Gagnon a eu la possibilité de s'adresser à la cour, samedi, il a affirmé que des témoins avaient raconté des menteries et que la police n'avait pas fait son travail. «Rassoyez-vous, ça ne va nulle part», a alors lancé le juge Dionne.
Les jurés ont entendu 48 témoignages, dont 46 témoins cités par la Couronne. Le procès a débuté à la mi-mai à Rimouski. Il a été marqué par plusieurs inconduites de l'accusé, qui a notamment menacé de frapper le procureur avec un bâton de baseball, ordonné au juge de se taire et déclaré vouloir être condamné à la prison à vie lors de son contre-interrogatoire.
«Steeve Gagnon, prenez le temps de réfléchir à tout le mal que vous avez causé aux victimes pendant votre détention. Votre conduite étant difficilement pardonnable, j'espère tout de même qu'un jour vous trouverez le chemin de la réhabilitation», a lancé le juge, samedi.