Avertissement: cet article comprend des détails choquants qui pourraient ne pas convenir à tous les lecteurs.

Le premier volet du témoignage de Gilbert Rozon visait avant tout à tracer les grandes lignes de sa vie de son enfance jusqu’à la réalisation du festival Juste pour rire. Un parcours truffé d'échecs et de déficit. Il a dit cependant qu'il voulait créer un festival qui ne se prenait pas au sérieux.

Le témoignage du fondateur de Juste pour rire, qui nie l’entièreté des allégations qui pèsent contre lui, devrait durer plusieurs jours.

Il faudra toutefois patienter encore un peu avant d’entendre la défense de Gilbert Rozon. Son témoignage a été suspendu jusqu'à jeudi.

Mardi, le tribunal devrait entendre l’ancien premier ministre du Québec Pierre-Marc Johnson, le metteur en scène Serge Postigo et l’auteur Guy Fournier qui devraient prendre la barre à la demande de la défense.

 

Juste avant le témoignage de Rozon lundi, le tribunal a pu entendre celui de Louise Thériault, une ancienne employée de la billetterie de Juste pour rire.

Appelée par l’équipe de Rozon, Mme Thériault, aujourd’hui enseignante au Centre d’aide de Montréal pour les femmes victimes de crimes sexuels, a témoigné sur la base du balado «Pis après l’inceste».

Lors de son témoignage, MMe Thériault a dépeint la comédienne Patricia Tulasne, l'une des victimes alléguées, comme étant en mode séduction avec Gilbert Rozon. L'avocat l'a également questionné sur le mythe qui veut que les victimes de viol ne retournent jamais côtoyer leur agresseur. Elle a dit qu'elle était partagée sur le sujet. 

Neuf demanderesses

Le procès civil de Gilbert Rozon s'est ouvert au début de décembre 2024 alors que neuf demanderesses lui réclament environ 14M$ pour des agressions sexuelles et des viols, entre autres.

Les neuf présumées victimes - Lyne Charlebois, Guylaine Courcelles, Patricia Tulasne, Danie Frenette, Anne-Marie Charette, Annick Charette, Sophie Moreau,  Marylena Sicari et Martine Roy - ont d'ailleurs toutes témoigné au cours des six derniers mois.

«Tu m’as presque violée, tu m’as éjaculé dessus et je ne voulais pas», a notamment témoigné Guylaine Courcelles au procès civil de Gilbert Rozon.

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«J’ai croisé son regard et ses yeux étaient des yeux de fou. Ils étaient exorbités. J’avais très peur, je me suis dit "il va me frapper". J’ai eu peur de mourir», a pour sa part témoigné Patricia Tulasne au cours des derniers mois.

«Il lance sa veste par terre et me jette dessus et c’est là qu’il me viole», a raconté Danie Frenette au procès civil de Gilbert Rozon.

Autres témoignages

La défense - représentant les neuf demanderesses - a aussi fait entendre d'autres témoins au fil du procès, dont des personnalités connues comme Julie Snyder, Salomé Corbo et Pénélope McQuade. L'ex-femme du fondateur de Juste pour rire, Véronique Moreau, a aussi pris la parole. Elles ont toutes témoigné d'abus qu'elles auraient subis aux mains de Gilbert Rozon.

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Selon le témoignage de Julie Snyder, Rozon l'aurait pénétrée sans son consentement alors qu'elle était endormie. «Gilbert Rozon était comme en transe, ce n’était pas la même personne [...] Les yeux exorbités, le regard fou, il faisait des sons et il ne parlait pas. Il était en état de jouissance. Je n’arrive pas à me rappeler s’il a prononcé des paroles», a-t-elle raconté devant la juge Chantal Tremblay.

À la défense de Gilbert Rozon

Les avocats de l'ex-magnat de l'humour ont également appelé des témoins au cours des derniers mois, dont ses soeurs Luce et Lucie Rozon et son ex-bras droit Guylaine Lalonde, qui sont venus à la défense de Gilbert Rozon. Elles ont tenu des discours contraires à ceux des présumées victimes qui ont été entendus jusqu’à maintenant.

Guylaine Lalonde, qui a travaillé auprès de Rozon pendant 18 ans a décrit Rozon comme étant un homme d'affaires «charismatique, charmeur, mais sans plus». 

 

«Faire des compliments, ce n'était pas illégal. Je n'ai pas vu de gestes déplacés», a pour sa part témoigné Lucie Rozon.

Un mois de pause au procès de Rozon

Le procès de Gilbert Rozon a été suspendu près d'un mois alors qu'en mars dernier, un juge avait autorisé la suspension du procès civil, alors qu'un article de loi entrée en vigueur juste avant le début du procès stipulait une présomption de non-pertinence pour certains faits dans des dossiers comportant des allégations de violence sexuelle.

Les avocats de Gilbert Rozon avaient donc décidé de porter en appel un jugement de la juge Tremblay qui avait imposé certaines restrictions sur la preuve qui allait être présentée par les avocats de Rozon, se basant sur ce nouvel article de loi dans le Code civil. Ils avaient allégué que cette décision empêche leur client d’obtenir une défense pleine et entière, car ils sont limités dans les questions qu’ils peuvent poser aux demanderesses et aux témoins.

Au début d'avril, la Cour d'appel du Québec accueille la requête des demanderesses visant à faire rejeter la demande présentée par les avocats de Gilbert Rozon.

Avec des informations de Marie-Pier Boucher, Audrey Bonaque, Émilie Clavel. Marie-Michelle Lauzon et Guillaume Théroux pour Noovo Info.