Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a récemment déclaré qu'il était difficile d'avoir un bon portrait de l'inflation à l'heure actuelle à cause de la guerre commerciale qui plane au-dessus de la tête des entreprises et de la fin de l'imposition de la taxe carbone.
La banque centrale avait décidé de maintenir son taux directeur à 2,75 % pour un deuxième mois d'affilée. Elle attend de voir si les droits douaniers imposés par le président américain Donald Trump ont déjà eu des effets sur les prix.
La Banque du Canada examinera deux rapports sur l'inflation avant la prochaine annonce du taux directeur, prévue le 30 juillet.
Benjamin Reitzes, un économiste de la BMO, estime qu'il est probable que la Banque du Canada décide de diminuer son taux directeur si elle constate des signes que l'inflation a bien été contenue depuis le début de la guerre commerciale. Il prévoit que l'inflation aura diminué de deux points de pourcentage à 1,5 % pour le mois de mai.
Selon lui, la Banque du Canada sera aussi attentive à d'autres éléments du paysage économique actuel.
«La réalité est qu'elle ne tiendra pas compte d'une seule donnée. Elle examine une série de mesures afin de mieux comprendre les tendances sous-jacentes», dit M. Reitzes.
Un ralentissement économique pourrait aussi convaincre les entreprises et les consommateurs à freiner leurs dépenses, ce qui calmerait les pressions inflationnistes.
Katherine Judge, économiste principale chez Marchés des capitaux CIBC, croit que l'inflation pourrait légèrement grimper à cause des droits de douane.
«La hausse sera liée en grande partie aux prix des aliments qui subissent les effets des contre-mesures et à ceux des produits de base qui pourraient commencer à refléter les droits de douane», a-t-elle indiqué dans un rapport transmis aux clients de la banque, vendredi.
Elle signale que les prochaines analyses refléteront les ajustements que Statistique Canada a apportés à son panier de l'IPC, mais ceux-ci n'ont habituellement pas de conséquences majeures sur les données principales.
M. Reitzes dit qu'il est difficile d'évaluer correctement les effets des droits sur l'inflation.
«La Banque du Canada doit sûrement examiner tout cela. Elle a une armée d'économistes à son service. Ils vont lire les données pour voir s'il y a des signes.»
Le prix des aliments a grimpé au cours des derniers mois. C'est un secteur où le Canada a adopté des mesures de représailles contre les États-Unis, constate M. Reitzes. Toutefois, cette hausse est peut-être aussi causée par la faiblesse du dollar canadien au début de l'année.
L'autre source de perturbation pour les données de l'inflation est la politique fiscale du gouvernement fédéral dans les premiers mois de 2025.
Ottawa avait accordé un congé de TPS pour certains produits et services du 14 décembre 2024 au 15 février 2025. En avril, le nouveau premier ministre Mark Carney a signé un décret éliminant la taxe sur le carbone, ce qui a eu notamment des effets sur le prix de l'essence à la pompe.
Comme M. Macklem l'a souligné lui-même: «cet effet de la taxe restera présent dans la variation sur un an de l’indice des prix à la consommation pendant les 11 prochains mois, avant de se dissiper.»
Si l'on fait abstraction des taxes, l'inflation est passée de 2,1 % en mars à 2,3 % en avril, a indiqué le gouverneur de la Banque du Canada. Il s'agit d'une hausse légèrement plus forte que prévu, a-t-il reconnu. Cela pourrait aussi illustrer «une certaine volatilité inhabituelle de l’inflation».
M. Macklem a aussi mentionné que la Banque du Canada «garderait les yeux rivés sur les mesures de l’inflation sous-jacente pour mesurer l’évolution des pressions inflationnistes».