«Cela nous indique que de nombreux enfants et familles peuvent vivre de grandes difficultés et avoir de multiples besoins, sans que ce soit nécessairement l’intervention de la DPJ qui soit requise», a-t-on expliqué jeudi dans le bilan annuel de la Direction de la protection de la jeunesse.
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Les DPJ du Québec estiment que les parents - premiers responsables de leurs enfants - ont besoin d'être soutenus par leur entourage, incluant la famille élargie, les amis et les voisins, et par leur communauté, incluant l'école, le milieu de garde et des organismes communautaires.
Ils estiment que différents services sociaux plus spéficiques doivent venir appuyer le réseau naturel des familles «en cas de défis particuliers» et que c'est lorsque l'engagement et l'implication de tous ces acteurs ne suffisent plus à assurer le développement et la sécurité d'un enfant que le DPJ devrait entrer en jeu.
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«Dans le meilleur des mondes, chaque famille serait soutenue dans sa communauté, et ce, bien avant qu’un signalement soit nécessaire. Chaque enfant aurait la chance de s’épanouir, entouré des membres d’une collectivité bienveillante. La DPJ n’interviendrait que dans les cas les plus extrêmes de maltraitance, évitant la stigmatisation et la judiciarisation de gens en difficulté. Nous n’aurions pas besoin de recourir à une loi d’exception pour assurer le bien-être et la protection des enfants», a partagé Lesley Hill, directrice nationale de la protection de la jeunesse, dans le bilan annuel de la DPJ.
«Je suis profondément convaincue qu’une transformation majeure est nécessaire pour tendre vers des approches plus humanistes en protection de la jeunesse.»
Cette approche collective a été mise de l'avant dans le rapport de 2021 de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse - mis en branle à la suite du décès d’une fillette de 7 ans à Granby en 2019 -, intitulé Instaurer une société bienveillante pour nos enfants et nos jeunes.
Rappelons que Mme Hill est une ancienne commissaire de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse qui a pris forme dans la foulée du drame de la fillette de Granby.
Les interventions de la DPJ en chiffres
En 2024-2025, 105 675 enfants ont fait l’objet d’au moins un signalement, ce qui représente 6,3 % des jeunes Québécois âgés de 0 à 17 ans.
«C'est beaucoup d'enfants pour qui nous sommes inquiets», a souligné la directrice de la DPJ en Montérégie, Marie-Josée Audette.
Pour l'année 2024-2025, les DPJ ont traité 141 622 signalements qui concernaient 105 675 enfants, ce qui représente 6,3 % des jeunes Québécois âgés de 0 à 17 ans. Il s'agit d'une hausse de 5 % par rapport à l’an dernier.
«De ces 141 622 signalements, moins du tiers ont été retenus pour une évaluation approfondie par les DPJ (29,3 %), ce qui concerne 35 264 enfants», explique-t-on dans un communiqué.
Principaux motifs de prise en charge par la DPJ en 2024-2025 :
- Négligence ou sérieusement à risque de négligence (50%)
- Mauvais traitements psychologiques (15%) ou d’exposition à la violence conjugale (15%)
- Victimes d'abus physique ou sérieusement à risque de l'être (12%)
- Troubles de comportement sérieux (8%)
Source : Bilan du DPJ 2024-2025
Les DPJ précisent que 45,8 % des enfants pris en charge sont demeurés dans leur milieu familial et 19,7% ont été confiés à des tiers significatifs.
En 2024-2025, la majorité des signalements (80,6%) ont été faits par des adultes dans le cadre de leurs activités professionnelles. En regarde des 10 dernières années, la DPJ constate que les hausses les plus marquées viennent des milieux scolaires (122%) et policiers (92%) alors que les signalements qui ont le moins augmenté durant cette décennie sont ceux provenant de la communauté (21%) et des familles (23%).
Par ailleurs, 10 095 adolescents ont reçu des services dans le cadre de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents (LSJPA), ce qui représente une augmentation de 7,4 % par rapport à l’an dernier.
Avec des informations de La Presse canadienne.