L'Israélien Yuval Raphael a terminé deuxième d'un concours éclipsé par la guerre à Gaza.
Le plus grand événement musical en direct au monde s'est achevé en apothéose avec une grande finale à Bâle, en Suisse, qui a proposé de l'électropop entraînante, du rock décalé et des divas extravagantes, lors d'une célébration de la musique et de l'unité troublée par la discorde autour de la participation d'Israël.
JJ a battu 25 autres concurrents lors de la grande finale de samedi. L'Estonien Tommy Cash a terminé troisième avec « Espresso Macchiato », et le candidat suédois KAJ, qui était donné favori avec son ode enjouée au sauna « Bara Bada Bastu », a terminé quatrième.
Éclectique et parfois déroutant
Les artistes de 26 pays, sélectionnés parmi 37 candidats lors de deux demi-finales éliminatoires, se sont produits devant quelque 160 millions de téléspectateurs pour remporter la couronne pop du continent. Les musiciens, qui disposaient de trois minutes pour séduire des millions de téléspectateurs et les jurys nationaux composés de professionnels de la musique, n'ont pas lésiné sur les effets spéciaux : fumigènes, jets de flammes et jeux de lumière vertigineux.
Le spectacle a célébré les goûts musicaux éclectiques, et parfois déroutants, de l'Europe. Le groupe lituanien Katarsis a livré un rock grunge, tandis que l'Ukrainien Ziferblat s'est inspiré du rock progressif et que le groupe britannique Remember Monday a proposé de la pop country.
L'Italien Lucio Corsi a évoqué le glam rock des années 1970, tandis que le duo islandais VAEB a rappé sur l'aviron et que les six femmes de Tautumeitas, de Lettonie, ont offert de magnifiques harmonies entrelacées.
Les divas étaient nombreuses, notamment l'Espagnole Melody, la Polonaise Justyna Steczkowska, qui participait à l'Eurovision pour la deuxième fois après une pause de 30 ans, avec « GAJA », et l'extravagante Miriana Conte, de Malte, qui a interprété «Serving» – une chanson dont le titre et les paroles suggestifs ont été modifiés sur ordre des organisateurs du concours – sur un décor comprenant une boule à facettes et des lèvres géantes.
Dean Vuletic, expert en histoire de l'Eurovision, a expliqué que le concours s'était diversifié au fil des ans, tant sur le plan musical que linguistique. Cette année, des chansons sont interprétées en 20 langues, dont l'ukrainien, l'islandais, l'albanais, le letton et le maltais.
«Avant, il s'agissait d'avoir une chanson pop entraînante et inoffensive, généralement en anglais», a-t-il expliqué. Mais «ces dernières années, l'approche stéréotypée des chansons de l'Eurovision n'a pas fonctionné.»
«Pour réussir aujourd'hui, une chanson doit être mémorable et authentique».
La guerre à Gaza a assombri le concours
Cette année, le concours a été perturbé pour la deuxième année consécutive par des controverses autour de la participation d'Israël. Des dizaines d'anciens participants, dont le Suisse Nemo, ont demandé l'exclusion d'Israël, et plusieurs chaînes de télévision qui financent l'Eurovision ont demandé une révision de la participation du pays.
Des manifestations pro-palestiniennes et pro-israéliennes ont eu lieu à Bâle, mais à une échelle beaucoup plus réduite que lors de l'événement de l'année dernière en Suède, où les tensions avaient débordé dans les coulisses et où le candidat néerlandais Joost Klein avait été expulsé pour une altercation présumée avec un membre de l'équipe.
Des centaines de personnes ont défilé dans les rues de Bâle juste avant le concours, brandissant des drapeaux palestiniens et scandant « Boycott Israel ».
Plus tôt, un groupe de partisans d'Israël s'était rassemblé sur la place de la cathédrale de Bâle pour soutenir Raphael et montrer que «les Juifs ont leur place dans les espaces publics en Suisse», a soutenu Rebecca Laes-Kushner, une habitante de Zurich.
Elle a ajouté que la victoire de Raphael serait «un message très fort contre l'antisémitisme».
«Il s'agit de musique, pas de haine», a-t-elle déclaré.
L'Union européenne de radio-télévision (UER), qui organise l'Eurovision, a renforcé le code de conduite du concours cette année, appelant les participants à respecter les valeurs de l'Eurovision, à savoir « l'universalité, la diversité, l'égalité et l'inclusivité », ainsi que sa neutralité politique.
Après une interdiction controversée en 2024 des drapeaux autres que nationaux dans l'arène, les spectateurs peuvent cette année apporter des drapeaux palestiniens ou tout autre drapeau, à condition qu'ils soient légaux selon la loi suisse. Les artistes, quant à eux, ne peuvent brandir que le drapeau de leur propre pays.
Le directeur de l'Eurovision, Martin Green, a affirmé aux journalistes que l'objectif des organisateurs était de « rétablir un sentiment d'unité, de calme et de solidarité cette année dans un monde difficile ».
«Les 37 délégations se sont toutes comportées de manière irréprochable en ces temps difficiles», a-t-il indiqué.
Céline Dion absente
Après son grand retour l'an dernier lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris au premier étage de la tour Eiffel, les fans de l'Eurovision espéraient la présence de Céline Dion lors de la finale.
En vain. Les fans auront dû se contenter d'une vidéo diffusée mardi. L'icône mondiale de la musique y disait toute sa reconnaissance pour un concours qui a lancé sa carrière internationale.
La Québécoise de 57 ans, qui souffre d'une grave maladie auto-immune l'avait emporté en 1988.
La Suisse l'avait choisie pour interpréter Ne partez pas sans moi à Dublin. Elle n'avait que 20 ans.