Le ministre de la Défense nationale, David McGuinty, dit examiner diverses stratégies afin d'augmenter la paie des membres des Forces armées canadiennes.
«Cet investissement représente une augmentation de près de 20 % pour l'enveloppe de rémunération pour les Forces armées canadiennes», a indiqué Laurent de Casanove, un porte-parole du ministre dans un courriel à La Presse Canadienne.
«Le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes collaborent étroitement à mettre en œuvre cet investissement. Nous examinons diverses solutions, comme des primes de rétention pour compenser le stress, augmenter le salaire des recrues et une hausse à l'ensemble de l'armée.»
L'annonce du gouvernement fédéral a créé de la confusion aux yeux des spécialistes des questions militaires.
Le régime salarial au sein de l'armée est compliqué. Il dépend du grade, des métiers, du déploiement et d'autres conditions. Il existe plusieurs façons d'accroître la rémunération.
Gary Walbourne, un ancien ombudsman du ministère de la Défense nationale, déplore que le gouvernement fédéral demeure vague sur son plan.
«Il n'y a rien de clair dans ce message, déplore-t-il. Une hausse de 20 % de l'enveloppe de rémunération pour les Forces armées canadiennes. Qu'est-ce que cela signifie? Des indemnités ? Sur une base cyclique ? Quel sera le pourcentage de la hausse ? Sera-t-elle fondée sur l'ancienneté, le grade, le mérite?»
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Il a l'impression que le gouvernement Carney veut augmenter rapidement la rémunération des militaires. «Toutefois, le mécanisme qu'il veut utiliser complique tout ça. Et quand les bureaucrates vont s'en mêler, les résultats vont arriver lentement.»
Charlotte Duval-Lantoire, de l'Institut canadien des affaires mondiales, craint que l'exercice ne soit pas aussi profitable pour chaque membre des Forces armées canadiennes.
«Ce qui me semble clair, c'est que le gouvernement étudie toutes les options. Nous sommes encore dans le brouillard. Une augmentation de salaire, une augmentation des salaires par spécialité, une adaptation de l'ensemble de la rémunération, cela n'est pas la même chose.»
La façon avec laquelle le gouvernement a fait l'annonce était «risquée», juge Mme Duval-Lantoire, puisque rien n'a été précisé. Cela a jeté la confusion parmi les membres actuels des Forces armées canadiennes. Les attentes sont hautes pour une augmentation globale.
D'autres options
Le gouvernement fédéral dispose de divers moyens pour s'occuper du coût de la vie des membres des Forces armées canadiennes. Il peut baisser les loyers sur les bases, où même près de celles-ci, augmenter les indemnités, comme les primes au risque.
Mme Duval-Lantoine recommande que le gouvernement fédéral examine la situation pour les métiers spécialisés «qui ne reçoivent pas l'attention qu'ils méritent».
L'armée subit une pénurie de main-d'œuvre au sein des métiers spécialisés. Il est difficile de recruter et de garder des techniciens, des pilotes, des médecins et des gestionnaires.
La Marine, par exemple, peine à attirer et à garder des techniciens maritimes. Les gens travaillant à l'entretien des navires, comme des plombiers et des électriciens, peuvent espérer de meilleurs salaires dans le secteur privé.
M. Walbourne souhaite que le gouvernement fédéral augmente le salaire des rangs inférieurs et règle la disparité régionale sur le plan du coût de la vie.
Andrew Leslie, ancien chef d'état-major de l'Armée canadienne et ancien député libéral, dit qu'il est grand temps que le gouvernement fédéral fasse preuve de sérieux au sujet d'une hausse des paies pour les membres de l'armée. Il a salué l'annonce de M. McGuinty.
«Au cours des dix dernières années, le gouvernement canadien n'a pas démontré un grand amour pour les Forces armées canadiennes, dit-il. Franchement, une augmentation de 20 % de la paie, c'est formidable. J'en loue les dirigeants. Je crois fermement qu'ils accorderont une hausse de 20 % à chacun des membres des Forces armées canadiennes.»
La directrice générale de la Conférence des associations de défense et de l'Institut CDA, Gaëlle Rivard Piché, croit que l'engagement du gouvernement «est un bon premier pas». Elle croit qu'on peut y parvenir assez facilement, comparativement aux autres défis que doit relever l'armée.
«Cela aurait dû être fait il y a longtemps. Nous savons que les Forces armées canadiennes ont un problème de recrutement. Elles peinent à garder ses membres. Une augmentation salariale permettra sûrement à rendre l'armée plus attirante.»