Le titre d’un récent article publié sur le site du journal scientifique Nature pose la question suivante: «Quel est le meilleur endroit pour organiser une conférence scientifique actuellement?».
L’article de la revue anglaise souligne que les États-Unis, en raison de la fronde de l’administration Trump contre la science, de la répression contre les immigrants et de l’interdiction des visiteurs provenant de certains pays, sont devenus beaucoup moins attirants.
On peut également y lire que plusieurs conférences qui devaient avoir lieu aux États-Unis ont été relocalisées au Canada, notamment une conférence internationale sur la cognition comparée qui s’est tenue à Montréal au printemps dernier.
Toutefois, l’article publié par Nature souligne que, malgré les apparences, le Canada n’est pas l’endroit idéal pour accueillir des conférences internationales, car c’est un pays où il y a de «nombreuses restrictions» à l’entrée et qui figure même au bas de la liste du «Classement des pays accueillants».
Dans ce classement, créé par Arton Capital, une firme montréalaise qui se spécialise dans les services conseils aux immigrants investisseurs, le Canada se retrouve au 79e rang sur 95.
Le «Classement des pays accueillants» évalue les pays «selon le nombre de passeports qu'ils acceptent sans visa», résume Mohammed Bennis, vice-président associé chez Arton Capital, en entrevue avec La Presse Canadienne.
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Malgré son nom, le palmarès «n'est pas négatif ou de péjoratif», assure M. Bennis, c'est plutôt un outil qui permet de comprendre «quels pays permettent à des visiteurs de voyager sans devoir demander un visa, un processus qui est parfois ardu», a-t-il souligné en ajoutant que «c’est un classement qui souligne la liberté de voyager».
Selon ce classement, les visiteurs provenant de 145 pays doivent, s’ils veulent effectuer un séjour au Canada, obtenir une autorisation de voyage électronique et les citoyens de 52 pays sont contraints de demander un visa pour séjourner au pays.
Seuls les Américains peuvent voyager au Canada sans document officiel émis par Ottawa.
«Lorsqu’il y a des conférences internationales, le Canada permet, dans certains cas, d’accélérer les demandes de visa», mais «ce n’est pas aussi simple que de venir avec seulement un passeport», souligne le vice-président associé chez Arton Capital.
«Mais c'est sûr que, si on regarde d'une manière factuelle, il y a d'autres pays qui pourraient être en mesure d'accueillir plus de gens» pour participer à des congrès d’affaires ou des conférences scientifiques, «puisqu'ils permettent une plus grande mobilité dans le sens entrant», a résumé Mohammed Bennis.
En plus du palmarès des «Pays accueillants», Arton Capital produit «l'Index des passeports», un classement déterminé «selon le nombre de destinations qu’un passeport permet d'atteindre sans visa», a expliqué Mohammed Bennis.
Le passeport canadien, qui permet de voyager dans 121 pays sans avoir à se procurer de visa, y fait très bonne figure et arrive au huitième rang.
Les pays, comme le Canada, qui figurent en bas de la liste des «Pays accueillants» sont souvent ceux qui, à l'inverse, se retrouvent en haut de la liste de «l'Index des passeports».
Tourisme Montréal est en désaccord
Dans un échange avec La Presse Canadienne, la porte-parole de Tourisme Montréal indique que ce type de classement peut porter à confusion et soutient que la métropole québécoise est bien placée pour accueillir des congrès et des conférences internationales.
«Cette année encore, Montréal s’est classée au premier rang pour l’accueil de congrès associatifs internationaux en Amérique du Nord et c’est la neuvième année consécutive que nous nous classons au premier rang», fait valoir Aurélie de Blois.
La porte-parole souligne qu’en 2023, Montréal a été nommée «première ville en Amérique pour l’accueil d’événements internationaux par l’Union des associations internationales (UIA), ce qui témoigne de la qualité de nos infrastructures, de notre expertise en organisation d’événements et de l’attractivité globale de la ville».
Toutefois, ajoute-t-elle, «il est vrai que les procédures d’entrée au Canada peuvent représenter un défi pour certaines clientèles» et «nous poursuivons donc nos efforts de sensibilisation auprès des autorités compétentes afin d’assurer que Montréal demeure accessible, accueillante et compétitive sur la scène internationale».
Des participants à des conférences qui demandent l'asile
Depuis quelques années, le Canada fait face à une hausse des demandes d'asile faites par des ressortissants étrangers arrivés au pays avec des visas de visiteur.
Dans certains cas, des visiteurs profitent de conférences et de congrès internationaux pour tenter d’obtenir un statut de réfugié.
Par exemple, en 2022, plusieurs médias avaient rapporté que de nombreux délégués, y compris des dirigeants de la Société internationale sur le sida, n’avaient pas pu assister à la conférence sur le sida de Montréal, en raison des refus de visa par le gouvernement canadien.
Un an plus tard, on apprenait, grâce à des documents internes obtenus par La Presse Canadienne, que près d’une personne sur six ayant participé à cette importante conférence sur le sida à Montréal a demandé le statut de réfugié après l’événement.
Les documents obtenus par La Presse Canadienne en vertu de la Loi sur l’accès à l’information montraient que 1020 demandes de visa pour la conférence ont été rejetées, soit 36 % d’entre elles. Et que 10 % des demandes n’avaient toujours pas été traitées à la fin de l’événement.
Le Canada a finalement délivré 1638 visas pour la conférence. Les documents révèlent qu’au moins 251 personnes, soit environ 15 % des participants, ont demandé l’asile après être entrées au Canada.