Cette enveloppe, qui prévoit 200 000 $ pour la région de Montréal et 100 000 $ pour la région de Québec, n'est pas immédiatement attachée à des projets précis, puisque les travaux pour réfléchir aux projets se feront au courant de l'été, précise la PDG de l'AITQ, Geneviève Cantin. Des annonces devraient être faites à l'automne. Le cabinet du ministre Lionel Carmant précise déjà que les projets seront portés par les organismes communautaires.

L'initiative vise à aider l’industrie touristique, qui est fortement touchée par l’itinérance, confirme Mme Cantin. Par exemple, en hiver, les personnes en situation d'itinérance qui ont froid peuvent s'installer dans les garages ou dans les halls d'hôtels. Le même genre de situation s'applique aux domaines de la restauration, alors que les personnes en situation d'itinérance peuvent entrer dans les restaurants. 

Certains hôtels investissent davantage dans un service de sécurité ou de nettoyage pour s'adapter à la présence itinérante, ce qui peut parfois créer du grabuge. 

On sait déjà que les projets tourneront autour de l'amélioration de la cohabitation, le financement de refuges temporaires et l'intégration sociale, explique Mme Cantin. Dans ce sens, elle souhaite travailler avec des organismes et des associations pour assurer une cohabitation harmonieuse.

Mme Cantin précise qu'elle veut créer des projets complémentaires à ceux qui existent déjà. «On veut être capable de lancer des projets qui n'existent pas nécessairement dans les cases actuelles du gouvernement.»

En outre, l'enveloppe de Québec pourrait être doublée grâce aux dons en provenance des entreprises touristiques elles-mêmes, espère-t-elle. Par exemple, l'hôtel Château Laurier, à Québec, souhaite mettre à contribution 50 cents par chambre louée. «Grosso modo, ça fait à peu près 25 000 $ par année.» 

«On s'entend qu'avec 300 000 $ ou 600 000 $, on en construit pas des millions (des refuges temporaires), mais on peut faire des premières étapes.»

Pour ce qui est de la réinsertion sociale, Mme Cantin n'hésite pas à faire un lien avec la pénurie de main-d'œuvre dans le secteur touristique, que ce soit pour l'entretien ménager, la cuisine ou les hôtels. Elle cite en exemple la Vallée Bras-du-Nord, un site de plein air dans la région de la Capitale-Nationale, qui embauche des décrocheurs scolaires ou professionnels et des personnes qui viennent de milieux moins favorisés. 

Le ministère des Services sociaux abonde dans le même sens et appuie les initiatives de réinsertion professionnelle dans le secteur touristique. «Rappelons que la cohabitation est un défi de société qui concerne tout le monde et qui se vit également dans les zones touristiques, notamment dans les grandes villes», ajoute le cabinet du ministre responsable des Services sociaux. 

Ce partenariat permettra, selon le ministère, de répondre aux défis de partage de l’espace public, pour un meilleur vivre-ensemble. 

Mme Cantin prend en exemple Vancouver et Ottawa qui voient la population itinérante grimper depuis quelques années, en raison notamment de la crise des opioïdes. «Avant de se rendre là, on aime mieux prévenir. On veut prendre le problème en amont.» 

Selon le dénombrement de l’itinérance visible de 2022, on comptait quelque 4600 personnes en situation d’itinérance à Montréal et environ 1000 à Québec.