La veille, M. Johnson se disait étonné des allégations visant Rozon. L’ancien PM répète maintenant qu’il était «surpris» à l’époque... mais pas surpris à la fois.
«J’ai été surpris du fait qu’il y avait de la violence», a assuré M. Johnson. «J’ai été surpris qu’on l’accuse d’agression, mais je n’ai pas été surpris étant donné qu’il était riche, populaire et womanizer [dragueur ou coureur de jupons en français, NDLR].»
Ce que Pierre-Marc-Johnson a vu en 1998
Le contre-interrogatoire de mercredi a aussi tourné autour d'une accusation d'agression sexuelle qui remonte à février 1998 pour laquelle Gilbert Rozon a plaidé coupable.
«L'accusé Gilbert Rozon a plaidé coupable d'avoir commis des gestes de la nature d'agression sexuelle à l'égard de la victime mentionnée à la plainte; il a admis avoir, sous l'effet de l'alcool, fait des gestes de nature sexuelle envers la victime en lui touchant les seins alors que la victime ne le souhaitait pas et ne désirait pas que l'accusé se porte envers elle à de tels gestes», peut-on lire dans le jugement datant de décembre 1998.
Gilbert Rozon a obtenu une absolution conditionnelle.
À voir aussi | Procès de Gilbert Rozon: son ex-conjointe contre-interrogée
Or, Pierre-Marc Johnson était présent le soir du 17 février 1998 et il a vu Rozon amener la jeune fille de 19 ans dans sa chambre. Il affirme qu’il a cru à ce moment qu’il s’agissait de «rapports consentants».
«J’entendais des rumeurs comme quoi M. Rozon était un peu volage», a-t-il affirmé.
«Quelqu’un reconnu comme étant volage est susceptible d’être la cible d’allégations. Il serait la cible idéale pour certaines personnes.»
Une catastrophe anticipée?
Pierre-Marc Johnson a par ailleurs confié au tribunal qu’il avait déjà envisagé la possibilité que des allégations visent Gilbert Rozon, avant-même toute cette affaire.
«En 2017, j’ai observé le mouvement #MeToo. Je me suis dit que si ça devait arriver au Québec, sur le plan d'une accusation qui n’est pas fondée, Gilbert [Rozon] pourrait en être la cible», a-t-il expliqué.
Pierre-Marc Johnson affirme avoir reçu des confidences de Gilbert Rozon la veille et dans les jours qui ont suivi la publication des allégations d’agressions sexuelles dans les médias.
«Il a dit qu’il niait et a tout de suite anticipé la catastrophe. La nature des allégations était claire. Il les avait niées, donc je n’avais pas à m’éterniser là-dessus», a-t-il précisé.
L’ancien premier ministre affirme avoir aussi conseillé à Rozon de nier fortement les allégations.
À voir aussi | Agression présumée à l'âge de 13 ans: la comédienne Salomé Corbo témoigne au procès de Gilbert Rozon
Notons que Gilbert Rozon a joué à un jeu vidéo sur son iPad pendant le témoignage de Pierre-Marc Johnson. Ce dernier a par ailleurs démontré des signes d’impatience lors de sa prise de parole en frappant son poing sur la table d’où il témoignait.
Mardi, Guy Fournier a aussi témoigné qu'il a été «surpris» par les allégations visant Rozon.
«Aucun souvenir»
En après-midi mercredi, ce fut au tour de l’ancien directeur de Juste pour rire Richard Bleau de témoigner.
M. Bleau a d’abord affirmé au tribunal qu’il n’avait aucun souvenir que Guylaine Courcelles, l’une des demanderesses, lui a mentionné son agression dès le lendemain des événements en 1987 comme elle en a témoigné au procès et qu’il ne se souvenait pas non plus d’avoir eu Mme Courcelles comme employée.
Or, la partie demanderesse a déposé une note manuscrite signée par Richard Bleau où il félicitait le travail de Mme Courcelles. Le billet était daté d’août 1987, moment où elle prétend avoir été agressée par Gilbert Rozon.
Richard Bleau finira par avouer qu'il l'avait peut-être eu comme employée, mais qu'il ne se souvient de rien.
Rozon devrait reprendre la barre des témoins
Témoignant brièvement lundi, Gilbert Rozon devrait être à nouveau appelé à témoigner jeudi. Le tribunal entendra peut-être à ce moment sa version des faits concernant les allégations d'agressions sexuelles.
Le premier volet du témoignage de Gilbert Rozon visait avant tout à tracer les grandes lignes de sa vie de son enfance jusqu’à la réalisation du festival Juste pour rire.
Le procès civil de Gilbert Rozon s'est ouvert au début de décembre 2024 alors que neuf demanderesses lui réclament environ 14M$ pour des agressions sexuelles et des viols, entre autres.
Les neuf présumées victimes - Lyne Charlebois, Guylaine Courcelles, Patricia Tulasne, Danie Frenette, Anne-Marie Charette, Annick Charette, Sophie Moreau, Marylena Sicari et Martine Roy - ont d'ailleurs toutes témoigné au cours des six derniers mois.
La partie représentant les neuf demanderesses a aussi fait entendre d'autres témoins au fil du procès, dont des personnalités connues comme Julie Snyder, Salomé Corbo et Pénélope McQuade. L'ex-femme du fondateur de Juste pour rire, Véronique Moreau, a aussi pris la parole. Elles ont toutes témoigné d'abus qu'elles auraient subis aux mains de Gilbert Rozon.