Il doit s’achever vendredi. Initialement prévu en mars, ce procès avait été reporté à cause de la transmission très tardive aux parties de quantité de pièces de ce dossier, construit durant deux ans d’enquête.
Ce sont des témoignages anonymes sur Twitter (aujourd’hui X) puis des enquêtes journalistiques des médias français Libération et Numérama en juillet 2020 qui ont révélé l’affaire.
Serge Hascoët, numéro deux du groupe en sa qualité de directeur créatif, avait démissionné dans la foulée. Thomas François et Guillaume Patrux ont eux été licenciés pour faute grave.
Thomas François, alors vice-président du service éditorial, concentre le plus de témoignages accablants.
Dans l’«open-space» du siège d’Ubisoft, il aurait diffusé des films pornographiques, contraint une collègue en jupe à faire le poirier ou encore ostensiblement commenté le physique des employées qu’il insultait de façon régulière. Le quadragénaire pouvait ligoter une employée à une chaise ou lui barbouiller le visage avec un feutre.
Outre ces accusations de harcèlement sexuel et moral, il est poursuivi pour tentative d’agression sexuelle, soupçonné d’avoir voulu, lors d’une fête de Noël, embrasser de force une jeune employée, maintenue par d’autres collègues. Thomas François incitait en effet « ses subordonnés à agir de même, usant notamment à cette fin de son aura et de sa position hiérarchique élevée au sein de la société », selon un rapport d’enquête consulté par l’AFP.
Accusé notamment de questions intrusives de nature sexuelle, Serge Hascouët est également accusé de commentaires et actes racistes.
Après les attentats de 2015, il aurait demandé à une employée de confession musulmane si elle adhérait aux idées du groupe État islamique. Cette assistante de direction pouvait retrouver des images de sandwich au bacon en fond d’écran de son ordinateur, de la nourriture déposée sur son bureau pendant le mois du ramadan.
Troisième prévenu dans ce procès, l’ancien « game director » Guillaume Patrux, 39 ans, est lui poursuivi pour harcèlement moral.
Des dizaines de témoins ont été entendus lors de l’enquête mais « un grand nombre renonçait à déposer plainte par crainte des réactions du milieu du jeu vidéo », selon le rapport dont l’AFP a eu connaissance.