La femme, qui témoignait pour la troisième journée sous le pseudonyme de «Mia» au procès fédéral du magnat de la musique, a utilisé ce mot alors que l'avocat de ce dernier, Brian Steel, la confrontait au scepticisme et suggérait même qu'elle avait inventé ses accusations.
Combs, âgé de 55 ans, a plaidé non coupable aux accusations de trafic sexuel et de racket. Ses avocats reconnaissent qu'il ait pu être violent, mais ils nient qu'il ait utilisé des menaces ou sa position influente dans l'industrie musicale pour commettre des abus.
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M. Steel a demandé à Mia de lire à voix haute au jury de nombreux textos affectueux qu'elle avait envoyés à Combs, dont un en 2019 dans lequel elle racontait avoir fait un cauchemar où elle était coincée dans un ascenseur avec le chanteur R. Kelly et où Combs l'avait secourue.
«Et la personne qui vous a agressée sexuellement est venue à votre secours?» a lancé M. Steel, incrédule. Il a reformulé, demandant si elle avait vraiment rêvé d'être sauvée par un homme «qui vous a terrorisée et vous a causé un syndrome de stress post-traumatique?» La poursuite a soumis une objection, et le juge l'a retenue.
Un contre-interrogatoire serré
C'était l'une des nombreuses objections soulevées lors du contre-interrogatoire acharné de Mia lors du procès, qui en est maintenant à sa quatrième semaine et au cours duquel plusieurs témoins de la poursuite ont été traités avec plus de douceur par les avocats de la défense et ont même parlé positivement de Combs.
Dans un message adressé à l'accusé le 29 août 2020, Mia se remémorait les moments heureux de ses huit années de travail pour lui, comme boire du champagne à la Tour Eiffel à 4 heures du matin et refuser l'offre de Mick Jagger de la raccompagner chez elle, affirmant ne se souvenir que des «bons moments».
Dans le même message, Mia mentionnait s'être sentie un jour «dupée» par une femme. M. Steel lui a demandé pourquoi elle n'avait pas dit que Combs l'avait également dupée, compte tenu de ses accusations.
«Parce que j'étais encore sous le coup d'un lavage de cerveau», a répondu Mia.
Elle a expliqué que, dans un environnement où «les hauts étaient vraiment hauts et les bas vraiment bas», elle avait développé «une grande confusion quant à la confiance en son instinct».
Lorsque l'avocat a suggéré que ses accusations d'agression étaient inventées, Mia a répondu: «Je n'ai jamais menti dans cette salle d'audience et je ne mentirai jamais dans cette salle d'audience. Tout ce que j'ai dit est vrai.»
Elle a déclaré qu'elle ressentait une obligation morale de s'exprimer après que d'autres personnes eurent porté des accusations contre Combs.
«Cela a été un long processus. Je suis en train de démêler les choses. Je suis en thérapie», a expliqué la femme.
Mia est restée calme quelques jours après avoir témoigné que Combs l'avait embrassée de force et agressée sexuellement lors de sa fête d'anniversaire de 40 ans, peu après son arrivée à son poste en 2009. Elle l'accuse aussi de l'avoir violée quelques mois plus tard dans une chambre d'amis de sa maison de Los Angeles.
Elle a témoigné la semaine dernière que ses agressions sexuelles ultérieures étaient «aléatoires, sporadiques, si étrangement espacées que je pensais qu'elles ne se reproduiraient plus».
Critiques contre la défense
Les procureurs ont critiqué le contre-interrogatoire de M. Steel, qui a duré deux jours et s'est largement appuyé sur l'historique de Mia sur les réseaux sociaux.
La procureure adjointe Maureen Comey l'a accusée d'avoir crié et humilié le témoin, et a soutenu que décortiquer des années de publications sur les réseaux sociaux – y compris des vœux d'anniversaire et des éloges pour les succès commerciaux de Combs – était excessif et largement hors de propos.
«Nous franchissons le seuil des préjugés et harcelons ce témoin», a soutenu Mme Comey au juge lors d'une pause, alors que les jurés étaient sortis de la salle d'audience.
Elle a averti que l'approche de M. Steel lors de ce procès très médiatisé pourrait dissuader les victimes de témoigner dans d'autres affaires à l'avenir.
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Le juge Arun Subramanian a indiqué: «Je n'ai entendu aucun cri de la part de M. Steel et je n'ai rien entendu de sarcastique dans ses questions.»
Il a néanmoins mis en garde M. Steel contre toute utilisation abusive de questions concernant les publications de Mia sur les réseaux sociaux faisant l'éloge de Combs.